Nicolas Kempf : J’aimerais commencer, si vous êtes
d’accord, par l’intrigue de Zombie Walk…
L’histoire démarre devant la gare de
Strasbourg, et montre une manifestation contre un laboratoire pharmaceutique. Et
puis… Et puis quoi ?
Fabrice Linck : Et puis… la manif se retourne contre
ses organisateurs, sert involontairement les desseins du labo et finalement,
échappe à tout contrôle. Au milieu de tout ça, nos personnages luttent pour
survivre ou courent après leur rédemption...
Giuseppe Manunta : Et puis… le désir de vengeance d'un
certain Éric va plonger la ville dans un incroyable chaos et va la transformer
à tout jamais…
NK : La page de titre indique « Sur une idée de
Giuseppe Manunta ». Pouvez-vous nous parler un peu de cette idée de
départ ?
GM : J'ai eu cette idée en voyant un défilé de zombies
dans une manifestation organisée par le Festival Européen du Film Fantastique
de Strasbourg. Ensuite, j'ai proposé à Fabrice, que je connais depuis quelques
temps, de travailler avec moi sur le scénario.
Puis, il a apporté l'histoire à l'éditeur... et voilà !
NK : Pourquoi avoir voulu mettre en scène des
zombies ?
GM : pourquoi ? Parce que je suis fasciné par ce genre,
depuis que je suis petit, parce que c'est mon cauchemar récurrent.
NK : La plupart des personnages, tôt ou tard,
passent un sale quart d’heure dans Zombie
Walk. Les gens heureux n’ont pas d’histoire ?
GM : Le bonheur a une durée de vie de quelques minutes,
juste le temps de lire Zombie Walk.
FL : Si... Mais j'ai bien peur qu'elle n'intéresse pas
grand monde... Le propre de l'homme, c'est de se délecter des mésaventures de
son prochain, non ?
NK : Le
Long Bec est un tout nouvel éditeur BD dans le paysage. Pourquoi lui ?
Pourquoi vous ?
FL : Parce que la ligne éditoriale du Long Bec nous a
plu et parce que notre projet a séduit l'éditeur. La collaboration coulait de
source...
GM : La rencontre d’un éditeur et des auteurs, ça ne
s’explique pas, c’est simplement un projet longuement travaillé par les auteurs
qui déclenche un coup de cœur chez l’éditeur…
NK : Il y a dans Zombie
Walk toute une recherche sur les armes, les costumes, les véhicules, bref,
l’univers. Comment s’est passé le travail sur l’univers de l’album ?
GM : je dispose d’archives très riches sur les armes,
les véhicules et les uniformes. La recherche la plus importante a été faite sur
la ville et sur les questions scientifiques.
NK : Ce livre, en tant qu’objet, ressemble aux
comics, mais il y a aussi les fonds noirs, le parti-pris du crayonné… Tout un
concept ! Pouvez-vous nous parler du concept et de sa… conception ?
GM : Zombie Walk
est un comics, c’est un choix volontaire inspiré par les comic-books
américains. Le choix graphique, par contre, résulte d’une longue discussion
avec l’éditeur. Cela m'a donné l'occasion de réaliser un rêve, de réaliser, en
fait, toute l'histoire au crayon.
NK : Giuseppe, je garde un souvenir… ému de certains
de tes albums précédents. Bref, passons. Comment tu situes un album comme Zombie Walk dans le reste de ta production ?
GM : Une étape nécessaire. Mais ce n'est pas la
première fois que j'écris une histoire de zombies. Il y a aussi, par exemple, La colline des Lapins, publiée par Clair
de Lune, dans une collection d'histoires d'horreur intitulée « Noir sur
Blanc » (clin d'œil au roman de Richard Adams). J'aime tous les genres…
mais il est vrai que l'érotisme est ma plus grande passion.
NK : Je trouve qu’il y a beaucoup de punch dans cet
album, à la fois côté scenario et côté dessin. Mais d’où vous vient toute cette
énergie, les gars ?
FL : Pour ma part, on va dire que c'est de famille !
GM : Par passion et pour l’amour que j'ai pour ce
métier.
NK : L’histoire se passe à Strasbourg. C’est donc un
livre régional ?
GM : Pas pour moi ; c'est l'occasion de montrer un
endroit original et différent des lieux où ces histoires se déroulent
habituellement.
FL : C'est tout sauf une histoire alsaco-alsacienne, uniquement
destinée aux autochtones. Pour moi, un projet comme Zombie Walk a notamment pour vocation de participer à la promotion
de la région et donc, fatalement, de s'adresser aussi à ceux qui ne la
connaissent pas.
NK : L’album a été lancé à la mi-septembre 2013,
lors de la « Zombie Walk », la parade annuelle des zombies à
Strasbourg. C’est important d’être dans la communauté, dans la horde ?
GM : comme je l’ai déjà dit, c'est là que l'idée est
née et il s’agissait donc du meilleur lieu de baptême pour l'album.
NK : L’origine, le déclencheur du
« zombisme » est parfois surnaturel, parfois scientifique… Ici, le
déclencheur est médical. Il y a une histoire, une évolution du zombie ? Si
oui, comment vous situez-vous dans cette histoire ?
GM : Difficile
de répondre à ça sans en dire trop… Dans notre histoire, il y a un fond de
vérité, inspiré par les recherches du professeur Bryan Fry … mais, oui, en dire
davantage serait gâcher la fin de l'histoire !
NK : Est-ce qu’il y a des particularités de la
« culture zombie » en France ? En Italie ?
GM : Comme l’écrit H.P. Lovecraft, « La plus
ancienne et la plus puissante émotion humaine est la peur, et la plus ancienne
et la plus puissante peur est la peur de l'inconnu. » La vie après la mort
est une grande inconnue. Le premier zombie dans l'histoire de la littérature
est la créature du docteur Frankenstein de Mary Shelley. Ensuite est arrivé
George Romero, qui a propagé le virus des zombies partout dans le monde, la
preuve en est les « Zombie Walk » dans différentes grandes villes du monde.
NK : Qu’est-ce qui vous plaît dans la bande
dessinée ? Ou, pour le dire autrement, qu’est-ce qu’une bonne BD pour
vous ?
GM : Sans faire un discours de genres, je dirais qu'une
bonne histoire a besoin d'un bon rythme narratif, d’une mise en scène qui
surprenne le lecteur, et d’un bon équilibre entre le scénario et le dessin.
FL : Vaste question… Par définition, une bonne BD,
c'est celle qu'on ne pose pas avant de l'avoir terminée… Pourquoi, comment ? Je
ne suis pas sûr qu'il y ait de règle absolue en la matière.
NK : Avez-vous quelques découvertes zombifiques à
partager avec les lecteurs de Présence
d’Esprits ? Une lecture, une bonne adresse… ?
GM : Je trouve cela très intéressant pour les amateurs
du genre : www.horror-nights.de
NK : Sur quoi
travaillez-vous en ce moment ?
GM : Sur le deuxième épisode d’aventures de Sherlock
Holmes, par Roger Seiter, au Verger Éditeur.
FL : Avec Vanessa Cardinali au dessin, nous travaillons
sur Les Imprévisibles, une histoire de super-héros convalescents, qu'un
cas de force majeur va sortir de leur maison de repos… disponible aux Editions
du Long Bec en juin prochain.
NK : Merci Fabrice, Giuseppe, d’avoir traîné vos
pieds par ici !
GM : Merci à
toi Nicolas.
FL : Pareil !
Nicolas Kempf