Sherlock Holmes fait partie de ces figures littéraires
qui d’êtres de papier ont pris une consistance si réelle que certains le
considèrent comme un personnage historique, lui adressant même du
courrier au 221B Baker Street du vivant d’Arthur Conan Doyle (alors même
que l’adresse n’existait pas à l’époque!). On ne compte plus les
biographies consacrées au personnage qui s’appuient sur l’œuvre de Doyle
ni les romans, films, jeux vidéo ou bandes dessinées remettant en scène
le plus célèbre détective de la littérature…
Après avoir adapté le roman de Jacques Fortier (publié chez le Verger dans la collection Les enquêtes rhénanes),
Roger Seiter et Giuseppe Manunta s’emparent une nouvelle fois du héros
d’Arthur Conan Doyle pour lui écrire une nouvelle aventure où le célèbre
détective va croiser de vieille(s) connaissance(s), peu avant les
tragiques évènements survenu aux chutes du Reichenbach…
L’action s’ouvre à Bruxelles, le 28 avril 1891 lorsque
Sherlock Holmes reçoit un télégramme émanant de Mycroft, son frère aîné,
lui annonçant que le sinistre professeur Moriarty a mis sa tête à prix,
entraînant dans son sillage tout ce que l’Europe compte d’assassins et
de vauriens. Pour gagner un peu de répit, le détective et le Docteur
Watson, son fidèle acolyte, s’embarquent pour le premier train en
partance… Il les mènera à Strasbourg, où ils seront hélas attendus de
pied ferme par la pègre locale… La nuit que va passer Sherlock Holmes à
Strasbourg ne sera pas de tout repos…
Tel une pièce de puzzle finement ciselée, l’histoire imaginée par Roger
Seiter s’imbrique parfaitement dans le canon holmésien, respectant les
dates et les lieux où se trouvaient le célèbre détective pour
l’entraîner dans une aventure alsacienne, occasion de faire revivre le
Strasbourg de l’époque et des lieux aujourd’hui disparus ou invitant les
lecteurs à découvrir des bâtiments désormais fermés au public. Mais le
scénariste invite malicieusement des personnages de l’œuvre holmésienne
à rejoindre Sherlock Holmes à Strasbourg, alors capitale du Reichsland
d'Alsace-Lorraine. Certains vont l’aider à échapper à la machination qui
se trame contre lui alors que d’autres vont en être les principaux
rouages… On y croise même quelques figures de l’histoire artistique
alsacienne, tel l’illustrateur Léo Schnug encore tout jeune mais déjà
très talentueux… Mais il est difficile d’en dire plus sans dévoiler
l’intrigue et sans gâcher le plaisir de découvrir cette nouvelle
aventure… Sachez cependant que l’histoire trouvera sa conclusion aux
chutes du Reichenbach, Roger Seiter esquissant une nouvelle variation
autour du fameux Grand Hiatus…
Le dessin de Giuseppe Manunta s’avère à la fois élégant
et efficace. La solide documentation sur laquelle il s’est appuyé pour
reconstituer le Bruxelles ou le Strasbourg de l’époque confère au récit
toute son authenticité. Son trait sensuel campe à merveille les
personnages féminins mais les autres ne sont pas en reste… Ses malfrats
ont des trognes remarquables alors que ses cadrages audacieux soulignent
au mieux l’action…
Ce second opus de Sherlock
Holmes signé Roger Seiter et mis en image par Giuseppe Manunta s’inscrit
parfaitement dans la trame de l’histoire du célèbre détective né sous
la plume de Sir Arthur Conan Doyle. Leur interprétation du Grand Hiatus
suivant l’ultime rencontre entre Holmes et Moriarty qui s’amorce à la
fin du récit s’avère des plus intéressantes, ménageant une pause
salutaire à Holmes dans sa lutte contre le crime… Les amateurs de récit
holmésiens devraient être comblés par cette sombre affaire pleine
d’action et de rebondissements…
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